On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

jeudi 28 mai 2015

En ce jour de commémoration

Ce mot de Hugo, qui est une des leçons inoubliables des Misérables et qu'il faut ajouter : "La vie, le malheur, l'isolement, l'abandon, la pauvreté sont des champs de bataille qui ont leurs héros ; héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres" (Livre V, I).

dimanche 24 mai 2015

"L'ère des ténèbres", Les Nouveaux Chemins de la Connaissance

L'émission du 22 mai avec Adèle Van Reeth peut être réécoutée à l'adresse suivante :

  • www.franceculture.fr
  • La "guerre contre le terrorisme" : appel à une discussion critique

    Nous ne voulons pas susciter une polémique tapageuse de plus - trop occupent déjà l'espace médiatique. Nous voulons, d'une part, susciter un débat de fond sur les politiques qui, dans la violation de nos principes les plus essentiels, ont été menées par les démocraties occidentales au nom de la "guerre contre la terreur" et qui manifestent, de toute évidence, leur inefficacité - la situation en Irak et en Syrie aujourd'hui en est la plus terrible confirmation - tout en générant des dynamiques de transformation interne qui mettent en péril nos droits fondamentaux.
    Dans le même temps, nous voulons comprendre quelles sont les causes qui ont donné naissance aux mouvances islamistes et les ont tourné vers une violence meurtrière dont les populations de confession musulmane sont, par milliers, les premières victimes. Violences sans limites qui menacent la communauté mondiale dans son ensemble, appelée, face à ce nouveau mal, à prendre conscience de son unité plutôt qu'à continuer de se diviser et de se déchirer.
    Tel est notre programme et notre espoir : apporter assez de connaissances pour comprendre comment nous en sommes arrivés là et restaurer un peu d'humanité et de fraternité dans ce monde qui se dirige, chaque jour davantage, vers le pire.

    mercredi 20 mai 2015

    Les Nouveaux Chemins de la Connaissance

    J'ai enregistré, hier après midi, l'entretien avec Adèle Van Reeth qui sera diffusé vendredi à 10h sur France Culture dans les Nouveaux Chemins de la Connaissance, l'actualité philosophique. 50 mn d'une discussion vivante et chaleureuse autour du livre. Une très belle rencontre qui incitera les auditeurs, je l'espère, à poursuivre le débat dont notre échange montre à quel point il est nécessaire.

    jeudi 14 mai 2015

    Publication

    Le livre est maintenant disponible dans les meilleures librairies et sur les sites de votre choix.

    samedi 9 mai 2015

    Les Nouveaux Chemins de la Connaissance, 22 mai

    Le 22 mai, l'émission Les Nouveaux Chemins de la Connaissance, sur France Culture, sera consacrée à une discussion avec Adèle Van Reeth autour de L'ère des ténèbres qui parait le 16 mai. Une heure pour lancer le débat dont le public devrait s'emparer. C'est un honneur déjà, même si le résultat est incertain.

    Charles Girard, Raison publique et démocratie délibérative

    Un excellent article de Charles Girard, "Raison publique rawlsienne et démocratie délibérative. Deux conceptions inconciliables de la légitimité politique ?", publié par les Presses de Sciences Po, 2009/02 n° 34.

    "Le problème de la légitimité politique divise les théories normatives de la démocratie. Comment concilier la nécessité de prendre des décisions collectives contraignantes pour tous et le statut de citoyen libre et égal aux autres de chaque individu ? Longtemps dominantes, les théories qui fondent la légitimité de la décision collective sur l’agrégation des préférences individuelles, sont aujourd’hui contestées par les tenants de la démocratie délibérative. Selon ces derniers, une décision est légitime dans la mesure où elle résulte d’un échange public,libre et raisonné d’arguments entre citoyens égaux. C’est en donant au processus de prise de décision collective la forme d’une délibération publique portant sur le bien commun qu’il serait possible d’assurer à la fois l’efficacité et la légitimité de l’exercice démocratique du pouvoir.Les théories élaborant cet idéal normatif se réfèrent communément à John Rawls et à Jürgen Habermas comme aux « pères fondateurs » de la démocratie délibérative. Comme l’éthique de la discussion habermassienne, la philosophie politique rawlsienne aurait, dès la Théorie de la justice, ouvert la voie à une compréhension délibérative de la politique démocratique ; et l’idée de raison publique, développée à partir de Libéralisme politique, est souvent citée comme l’une des versions les plus abouties de l’idéal délibératif.L’association de la démocratie délibérative et de la raisonpublique paraît aller de soi. La raison publique exige de chaquecitoyen qu’il n’avance, pour justifier publiquement les décisionspolitiques qu’il soutient, que des raisons dont il peut raisonnable-ment penser qu’elles sont acceptables par les autres citoyens raison-nables. Elle peut donc aisément être comprise comme le principequi doit guider la délibération publique, et celle-ci comme la formeque prend l’exercice collectif de la raison publique. Les commen-tateurs hésitent d’autant moins à associer, sinon à confondre, cesdeux notions, que Rawls lui-même affirme que l’idée de raisonpublique est propre à une démocratie constitutionnelle bienordonnée « comprise également comme une démocratie délibéra-tive ». Parce que la théorie délibérative « limite les raisons que lescitoyens peuvent donner à l’appui de leurs opinions politiques auxraisons compatibles avec une vision des autres citoyens commeégaux », elle inclut l’idée de la raison publique comme l’un de ses« éléments essentiels ».

    Lire la suite :

  • www.academia.eu
  • vendredi 1 mai 2015

    De l'inutilité de l'argument de l'utilité en matière de surveillance

    Statistiquement, on peut d'ores et déjà prédire que plus on va surveiller de gens, plus on aura de chances d'avoir surveillé, et donc raté, celui qui aura été responsable d'un attentat. De fait, tous les "terroristes" qui ont commis des actes violents en France dernièrement étaient fichés, repérés ; certains d'entre eux, ont même été surveillés pendant un certain temps. Mais a-t-on assez vu la conséquence ? La surveillance massive conduira à rendre toujours plus inévitable la représentation de l'échec, avec toutes les conséquences contradictoires qu'entraîne une telle évidence. La seule "réussite" est qu'on interpelle désormais très rapidement les auteurs de crimes ou d'actes violents, soit parce que les dispositifs de vidéosurveillance sont présents partout, soit parce qu'il suffit de retourner à ses fichiers pour retrouver un individu qu'on avait ignoré.
    Le débat actuel semble se dessiner ainsi : les uns, arguant qu'un terroriste "connu des services" n'a pas pu être empêché de commettre un acte violent, défendent l'inefficacité du dispositif de surveillance, mais ils légitiment la position de ceux qui, au nom du même fait, défendront la position inverse selon laquelle la commission d'un tel acte n'a pas pu être évitée, soit parce que les informations recueillies étaient incomplètes (appelant donc à un accroissement qualitatif du dispositif de surveillance), soit parce que les ressources consacrées à la surveillance sont trop faibles (exigeant un accroissement quantitatif du même dispositif). L'argument de l'échec – et du fait du développement des techniques de surveillance, il est appelé à être de plus en plus présent dans l'espace public - ne prouve rien, sinon qu'il peut justifier des interprétations contradictoires, conduisant à des politiques elles-mêmes opposées. Quant à l'argument de la réussite de ces dispositifs, il ne peut être prouvé puisque, par définition, les services de renseignement et les gouvernements se contenteront de l'affirmer, à charge pour les citoyens de le prendre pour argent comptant.
    La menace terroriste est appelée à durer longtemps et les attentats en France ne pourront pas, c'est à craindre, être tous déjoués. Il faut s'y préparer. Mais il importe de ne pas tomber dans le piège qui consiste à évaluer les politiques de renseignement en se fondant sur leur réussite ou leur échec. Le premier argument est improuvable et échappe à toute discussion critique publique - ce n'est donc pas un argument. Quant au second,  il conduit aussi bien à exiger une révision de ces méthodes qu'à exiger leur extension. Il faut donc abandonner le critère de l'utilité ou de l'inutilité des méthodes de renseignement qui sert à toutes les sauces et ne peut donc servir de fondement aux politiques publiques. Seuls les principes le peuvent. Et c'est à ce niveau-là que le débat doit être mené.
    Un grand merci à Thomas Catens de m'avoir apporté les éléments de cette réflexion critique.