On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

jeudi 28 novembre 2013

Petite explication sur le sens de la controverse entre libéraux et communautariens

Je dédie ce texte à mes étudiants de quatrième année de Sciences-Pô Aix-en-Provence, avec lesquels j'ai traité cette question hier, un peu hâtivement, je le crains.

Sait-on du libéralisme où se trouve le point faible ? Faire une société d'individus isolés en eux-mêmes mais séparés les uns des autres par les œillères de l'égoïsme, sans vertu ni loyauté, sceptique en matière de valeurs mais appâté seulement par les attraits de l'intérêt et faisant commerce et marchandise de tout, jusqu'à d'eux-mêmes ? Mais libéral est d'abord celui qui proclame et défend que les hommes sont libres par nature, qu'il n'est pas de sujétion naturelle de l'homme à l'homme, que s'il faut se contraindre les uns les autres que ce soit par consentement - le pouvoir n'est pas sans bornes ni limites sinon celles que dressent les libertés de culte et d'expression, d'aller et venir et d'entreprendre auxquelles le pouvoir s'arrête. Libéral est l'Etat qui s'autolimite – fait unique - et se tait lorsqu'il s'agit de dire ce qui pour chacun constitue la bonne vie. Neutre, c'est sans trop doute trop dire, tolérant en tout cas au sens le moins condescendant du terme parce ce droit-là, le droit pour chacun de mener sa vie comme il l'entend, d'en être l'auteur, distingue l'homme de toutes les espèces existantes ; c'est à cela en somme que tient toute sa dignité. Libérale est la société qui autorise le réfractaire – à différencier du séditieux – l'hérétique, le dissident à se prononcer contre l'opinion majoritaire, contre les mœurs et les coutumes dominantes, à être sans crainte du côté du petit nombre, à être seul peut-être, assuré qu'il sera de bénéficier des mêmes avantages que la majorité. C'est Descartes jetant au loin les opinions et les préjugés de la tradition et montant seul l'échelle de la raison jusqu'au point où le doute s'arrête, invitant chacun a répéter ce geste individuel et à le rendre universel. C'est Kant élevant l'obéissance à la loi morale au-dessus de toutes les contingences et de tous les calculs, nous faisant écouter la voix de l'obligation qui n'est sociale, ni culturelle ni historique – tel est le pouvoir de la raison pratique de nous rendre libre selon cette étrange et paradoxale liberté qu'est la contrainte d'agir par devoir. C'est Rawls plaçant les acteurs d'un jeu constitutionnel dans la position d'avoir à déterminer les principes de base d'une société juste, à la faveur d'une expérience de pensée qui nous laisse sous un voile d'ignorance, comme si toutes les déterminations qui nous spécifient et constituent notre personnalité pouvaient être occultées sans que notre identité, en tant que sujet rationnel, soit diminuée. Et c'est là que le bât blesse.
L'homme libéral n'est pas nécessairement un individu replié sur soi, content de s'occuper seulement de ses affaires privées. Constant l'ouvrait à la religion, Tocqueville à l'engagement dans la vie associative, Mill à la participation aux affaires publiques et ce sont là les noms des plus grands penseurs libéraux, auxquels s'ajoutent Lamartine, Hugo ou Stendhal qui n'étaient pas exactement des atomes fermés au monde. L'homme libéral n'est pas, par nature, égoïste et replié sur soi, mais c'est un moi désengagé qui s'assume comme tel, parce qu'il refuse d'enraciner sa personnalité dans une affiliation, qu'elle soit familiale ou sociale, culturelle ou historique. Il entend, au contraire, échapper à ces liens en tant qu'être rationnel et autonome, affranchi de toute fin et de tout but préétablis par la nature ou la société, mais capable de choisir librement par lui-même ses fins et ses buts. Tel est le cœur de la critique que les penseurs dits « communautariens » adressent à la pensée libérale : un tel sujet décontextualisé n'existe pas. C'est une pure fiction de l'esprit. Le moi est toujours situé. Nous ne pensons et ne pouvons vivre en-dehors de communautés qui nous précédent et nous forment et si nous avons le loisir de les remettre en cause, de les faire évoluer, ce n'est parce que nous échappons à ces communautés mais parce que celles-ci ont établi un ensemble de "valeurs" autorisant de les contester. Une telle capacité critique est le propre de la société démocratique libérale et elle est inscrite dans sa tradition, de telle sorte que c'est une illusion de croire que l'esprit critique et la capacité d'agir de façon rationnelle se donnent à la faveur d'un détachement de cette tradition. Chacun est fils de son temps, disait Hegel. Et cette historicité est le premier argument que l'on peut opposer à la vision libérale de l'homme. Mais réduire celle-ci à une apologie de l'individualisme, identifié à l'égoïsme, c'est se tromper de cible et viser à côté. La controverse porte sur la nature de l'identité humaine, enracinée dans des communautés historiques et culturelles, d'un côté, ou bien de l'autre, rationnelle, anhistorique et asociale, transcendant toutes les déterminations au nom de l'autonomie. Moi désengagé ou moi situé, identité subjective ou intersubjective, tel est l'objet central du débat dont se déduit la suite des controverses portant sur la nature du lien social : association d'individus rationnels, légitimée seulement par la garantie des droits individuels ou communauté unie par la poursuite du bien commun.
Notons au passage que si le libéralisme politique apparaît sous un autre angle que celui auquel nous sommes accoutumés, il en va de même de la pensée communautarienne laquelle ne saurait être réduite à l'apologie du communautarisme et de la ghéttoïsation sociale des groupes ethniques et culturels.

14 commentaires:

MathieuLL a dit…

Voilà un très beau texte qui, à la différence des précédents sur le même thème, est déjà beaucoup plus objectif, de sorte que je n'ai pas grand chose à dire pour ma part, si ce n'est (mais vous l'avez plus ou moins fait) que vous exposez ici la théorie, laquelle n'a pas toujours de commune mesure avec la pratique. Et c'est là, je crois, où se situent les personnes comme moi : elles savent bien qu'un idéal est toujours soit dangereux, soit vain, soit occasionnellement fructifiant. La seule chose que je reproche justement au libéralisme, c'est cet ensemble de présupposés sur lequel il se fonde (croyance en la liberté, etc.). Pour moi qui suis un spinoziste convaincu (je n'aime pas me qualifier de bidule-iste, mais cela me permet au moins, ici, de simplifier mon propos) la notion même de liberté (transcendantale) m'est absolument incompréhensible. C'est pourquoi il faut faire attention, je crois, à ne pas laisser des conceptions particulières de l'homme envahir la scène politique. La seule chose qui mette d'accord tous les hommes, c'est l'intérêt (et pour reprendre Bentham, l’altruiste ayant plaisir à son altruisme, on peut considérer cette qualité comme faisant partie de son système d'intérêts). Juste pour vous donner un exemple très concret : l'avortement. Pour ma part, je ne suis pas pour, parce que je pense qu'un embryon est déjà un être humain. Toutefois, si j'étais un homme politique, je ne proposerais jamais une loi pour l'interdire car, ce faisant, quand bien même je serais radicalement convaincu, je ne pourrais pas, du point de vue de l'éthique politique, me permettre d'imposer ma vision des choses à autrui. Par suite, au nom de l'impossibilité à mettre tous les hommes d'accord, je laisserais le choix à chacun. C'est la différence entre l'idéal et la pratique. Le problème, c'est que le libéralisme tend à imposer ses idéaux (sur le même exemple, on sait bien, et encore récemment avec la Belckacem, que l'on impose à la société de ne considérer l'avortement que comme un " simple acte médical" pour lequel il ne faudrait pas culpabiliser. Non content d'avoir le droit d'avorter, on veut aller plus loin en interdisant le questionnement moral, quand bien même il serait erroné. On voit ici le vice : l'idéal tend à se réaliser, et cela s'appelle le totalitarisme).
A part ça, merci pour ce texte !

michel terestchenko a dit…

Cher Mathieu, je m'apprêtais à écrire un billet sur ces propositions qui conduisent à faire de l'IVG un acte thérapeutique banal et à supprimer la clause de conscience du médecin. Vous m'avez devancé.

MathieuLL a dit…
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Descharmes philippe a dit…
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michel terestchenko a dit…

Cher Philippe, il est un peu prématuré d'engager le débat sur cette question délicate et complexe dont nous n'avons pas encore sérieusement parlé. En outre, nous ne savons pas encore si ces recommandations seront suivies pas le législateur. Attendons de voir.

Emmanuel Gaudiot a dit…

Je crois également qu'il est sage de reporter l'examen de la question de l'IVG. Je suis d'accord avec vous Michel, pour affirmer que l'on est toujours "situé", et qu'affirmer une totale liberté est absurde; je pense au contraire qu'il faut en tout état de cause poser comme préalable sa situation, avant toute discussion. Evidemment cela pose le problème des préjugés (ceux que l'on attribue, par préjugé justement, à quiconque se dévoile comme appartement à tel courant de pensée, telle obédience religieuse,etc.) : au moins, dès le départ, on saura qu'il est essentiel de dépasser les positions que "la situation" en question sous-entend. Il convient à mon sens d'assumer sa pensée comme voilée pour justement, au vu de tous, lever le voile.
Merci pour ce beau texte Michel

Michel Terestchenko a dit…

Merci, cher Emmanuel

MathieuLL a dit…
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MathieuLL a dit…
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Dominique Hohler a dit…

Les individus sont-ils incapables de se piloter ? Ont-ils besoin d’une instance supérieure qui décide de ce qui est bon pour eux ? Dans l’affirmative, quelle est la légitimité de cette instance et quelle est le statut des êtres humains qui l’incarnent et qui se voient attribuer le redoutable privilège de décider en lieu et place de leurs contemporains ? Des prêtres ? Des élus ? Des experts ? Madame Aubry prend acte de ce que certains salariés souhaitent travailler dimanche plutôt que mercredi mais elle considère que ce choix n’est pas éclairé et que les lumières qui font défaut à ces salariés qui choisissent le dimanche ne lui font pas défaut à elle. Elle pose donc un interdit parce qu’elle sait mieux ce qui est bon pour le salarié que le salarié lui-même. Erich Honecker, premier secrétaire du parti communiste de la défunte RDA face aux cris de la foule lui assénant une évidence : « Nous sommes le peuple ! » répondait que non, le peuple ce sont également les générations à venir qui ont intérêt au sacrifice des libertés des manifestants et au maintien du parti communiste. Lui en tant que dirigeant incarnant les intérêts du peuple, savait ce qui est bon pour le peuple.
La question qui se pose au libéralisme est celle de sa nécessaire limitation; le droit de l’urbanisme ou le code de la route encadrent des libertés individuelles et les individus ainsi corsetés voient leurs degrés de mouvement élagués avec leur consentement. La démocratie c’est le jeu des libertés rendu possible par leurs limites, la démocratie est par essence libérale et elle se rend viable par des contraintes auxquelles elle s’oblige. Mais ces contraintes n’ont de validité qu’en tant que permettant le jeu optimal des libertés. C’est leur seule raison d’être. Si nous nous obligeons c’est pour être plus libres pas pour être moins libres.
Mais alors quel est la nature du pouvoir de certains dirigeants qui se passent du consentement de leurs administrés pour poser des interdits ? Madame Aubry n’aime pas le travail du dimanche mais comment en arrive-t-elle à imposer son arbitrage à des citoyens qui font un choix différent ? Ne faudrait-il pas que le choix de Madame Aubry soit sanctionné par un choix démocratique, par un referendum, pour lui conférer la force et la légitimité de l’assentiment à la règle de droit ?
Nous sommes « fils de notre temps » et nous sommes enracinés dans une communauté culturelle, c’est vrai. Mais les règles des communautés humaines ne sont pas figées, elles évoluent et bien davantage encore, il n’appartient pas à des esprits supérieurs de s’en proclamer les gardiens en invoquant un bien que nous serions incapables de distinguer quand nous sommes absorbés dans la poursuite de nos intérêts individuels.

Dominique Hohler

Emmanuel Gaudiot a dit…

Cher Dominique,
Je pense tout d'abord qu'il est maladroit ou malicieux de juxtaposer le propos de Mme Aubry et celui de Mr Honecker.
Ensuite, il faut faire l'effort de comprendre que les élites politiques occupent une place, un rôle (une "forme de vie", dirait Wittgenstein), et donc ne pas leur en vouloir d'occuper cette place. Pour la question du travail du dimanche, si Martine Aubry semble se cabrer, et cela contre l'avis du peuple, il ne faut pas se leurrer sur la visée tactique de sa position : elle connait trop les conséquences d'une libération du travail dominical: les forces de la finances qui s'insinuent partout comme un liquide fatal poussent les portes de nos traditions pour envahir tout l'espace possible. Alors adopter une position dogmatique (je souligne que ce terme parait banal, mais qu'il ne maquera pas d'être invoqué, comme toujours, pour qualifier la résistance au libéralisme)peut s'avérer un salut contre cette pression intenable. Mr Mariton a eu cette belle formule sur France Inter ce matin pour expliquer son opposition au travail du dimanche :"6 jours pour avoir, 1 jour pour être".
Quant à la place du sacro-saint peuple, elle semble évoluer dans un sens inquiétant en ce moment: je pense au mouvement de contestation fiscale en Bretagne, notamment. Il est vrai que le discours politique peut paraître éculé, et que les intérêts des élites peuvent être une force qui les poussent à ne rien changer (je pense ici à la loi sur le non-cumul des mandats qui traîne de façon insupportable), mais leur place est tout autant légitime que celle du peuple, et que celle des experts. Je rappellerai simplement, contre l'idée d'un peuple tout-puissant, que la Révolution française n'est, au fond, pas l'oeuvre du peuple, mais celle des élites qui ont mis en pratique les idées des Lumières.
Merci.

Dominique Hohler a dit…

Cher Emmanuel,
Comme elle est féconde la différence qui nous sépare !
Et comme elle risque de nous braquer d’autant plus que nous partons d’un socle commun.
Evitons de nous taxer de maladresse, la seule maladresse qu’on peut me reprocher est celle de la forme, le français n’est pas ma langue maternelle et je ne suis pas à l’abri de faire ici ou là quelques fautes qui nuisent à la bonne compréhension de mon propos.
Le socle commun, commençons par là. Le mot de Mariton est splendide ; « Du temps pour avoir, du temps pour être » (et si possible en inversant la proportion 6 :1). Oui, mille fois oui. Mais ce n’est pas au législateur d’en organiser l’espace temporel.
Ce qui nous sépare ce n’est pas le fondamental, c’est sa mise en œuvre. Le libéralisme n’est pas pour moi un vilain mot, il ne se réduit pas à sa dimension économique, il consiste en l’idée qu’on peut faire confiance à l’individu non seulement pour se piloter mais également pour résister en s’agrégeant avec d’autres individus aux forces qui tendent à le nier. Ces agrégats sont de toutes échelles, de l’association, de la réunion spontanée jusqu’à la totalité des individus qui ne mérite pas votre mépris quand vous parlez du « sacro-saint peuple ».
La contestation fiscale bretonne doit être considérée avec le plus grand respect ; elle est au cœur de notre sujet : le libéralisme limite au maximum les contraintes à la liberté et quand il le fait c’est toujours avec le consentement d’hommes libres qui se contraignent eux-mêmes au travers des instruments institutionnels de la démocratie. Or cette jacquerie des bonnets rouges pose la question fondamentale du consentement à l’impôt.
Permettez-moi cher Emmanuel de me servir de la formule que vous attribuez au peuple pour vous répondre à propos des sacro-saintes élites. Le dogmatisme à visée tactique pour viser un but téléologique, non je ne peux vous suivre et ce n’est ni malice ni maladresse de reconnaître dans ces vieilles méthodes une mauvaise manie des élites quand elles veulent faire notre bien malgré nous. Je reconnais aux élites le droit de m’éclairer, de m’instruire mais pas de me gruger, fût-ce pour mon bien. Il y a là un relent de la posture coloniale quand les colonisateurs proposaient aux colonisés de faire l’économie des erreurs qu’ils avaient eux-mêmes commises dans le passé.
Pour en revenir à notre sujet, ce pour quoi je milite n’a rien à voir avec les forces de la finance, c’est simplement l’idée qu’il ne serait pas idiot que nous nous contraignons le moins possible, que chacun choisisse d’être et d’avoir quand cela lui convient, dimanche ou lundi, que chacun se vêtisse comme il le veut, burqa, costume trois pièces ou maillot de corps et que chacun puisse dire ce qu’il pense, même s’il a tort.

Dominique Hohler

Unknown a dit…

Je voudrais rebondir sur ton propos Mathieu LL, que je trouve profondément intéressant, et surtout l'idée de l'imposition d'un idéal par le libéralisme, l'idéal de liberté. Ainsi, je pense, tout comme toi, qu'une liberté absolue n'existe pas, (d'ailleurs en ce sens je rejoins ton affection pour Spinoza), que l'on est toujours pris dans des considérations qui nous dépassent, tel que la société dans laquelle nous vivons, le groupe social auquel on appartient, notre famille même, en ce sens rien de plus que le propos de Bourdieu et la théorie des habitus. Mais finalement, et en accord toujours avec toi, c'est ce qu'il y a de plus répréhensible du libéralisme c'est cette imposition de la liberté, on peut penser ce que l'on veut mais on ne peut jamais penser qu'on n'est pas libre, tel pourrait être en quelque sorte le crédo du libéralisme. Dans un exercice de pensée, peut-être un peu exagéré je l'accorde, ne pouvons-nous pas imaginer la liberté comme étant précisément les fers par lesquelles les politiciens tiennent le peuple ? Lui faire croire qu'il est libre pour mieux le contrôler . Tel est, je pense, le sens profond du merveilleux ouvrage : "la ferme des animaux" de George Orwell, dans lequel la manière dont les cochons en viennent à oppresser les autres animaux et en leur faisant miroiter une liberté qui ne vient jamais....

R.Lecomte a dit…

C'est une belle idée de scénario, en effet, la pensée que les politiciens font croire au peuple qu’il est libre pour mieux le dominer. Mais une telle généralisation est aussi, me semble-t-il, un peu trop flatteuse envers les capacités de manipulation de nos dirigeants. Je crois plutôt que les politiciens eux-mêmes croient à cette illusion. Le libéralisme serait ainsi un mensonge qui s’ignore, c’est-à-dire, pour parler en termes nietzschéens, une fiction nécessaire à un certain type d’homme pour supporter le caractère tragique de la réalité ; bref, une interprétation décadente comme une autre.
R.Lecomte