On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

jeudi 23 mai 2013

Entretien avec Bill et Melinda Gates

Mon Dieu, non, ce n'est pas moi qui l'ai réalisé, mais, en 2010, Frédéric Joignot, journaliste au Monde et auteur d'un superbe blog, Mauvais esprit, plein de riches entretiens. Mais pourquoi donc cet homme, immensément riche, donne-t-il 90% de sa fortune, plus de 50 milliards de dollars, à sa Fondation ? Beaucoup pensent que ce ne peut être que pour des raisons "intéressées", de quelque nature que ce soit. J'ai toujours été convaincu du contraire. Lisez par vous-même les explications que tous deux, inséparables, apportent et qui ne donnent nullement raison à l'hypothèse du soupçon : " Notre philosophie, c’est que toute vie humaine a la même valeur. Le premier but de la Fondation est d’utiliser les ressources dont nous disposons pour inciter les gouvernements et les associations à sauver le plus grand nombre de vies possibles. Cela signifie aussi soutenir des innovations scientifiques et techniques dans les domaines de la santé et l’agroalimentaire tout en encourageant des innovations sociales. Cela peut prendre beaucoup de formes… Mais à la fin de la journée, ce qui compte pour nous, c’est avoir sauvé le plus grand nombre de vies avec l’argent que nous investissons".


Lire l'entretien à l'adresse suivante :
  • http://fredericjoignot.blog.lemonde.fr
  • 7 commentaires:

    MathieuLL a dit…

    Cher monsieur Terestchenko, désolé pour le propos très fort que je vais tenir - peut-être est-ce dû au beau temps qu'il fait à Reims pour la première fois depuis longtemps - mais je ne vois pas, sincèrement, comment le dire autrement : ce billet est d'une étonnante naïveté. Vous nettoyez l'honneur de Bill Gates... à partir des propos de Bill Gates lui-même, ce qui est une ineptie. Je dis "honneur" car, il faut bien le savoir, un aussi grand pouvoir ne s'acquière pas en étant honnête. Donner à manger aux petits africains a été sa meilleure STRATEGIE pour sauver son business après les conséquences de son procès. Car c'est bien APRES son procès qu'il a décidé de faire de l' "humanitaire". Les milliards qu'il dépense lui coûtent MOINS que les milliards qu'il aurait perdu s'il ne s'était pas converti en bon samaritain... car il demeure TOUJOURS l'homme le plus riche du monde. Je trouve surprenant qu'une personne ne parvienne pas à discerner cette évidence ; il y a un degré au delà duquel la confiance aveugle en l'homme devient insolante. Ce Gates est l'origine même de ce qui va se produire dans l'avenir : le transhumanisme, le dépassement de la machine et l'aliénation de l'homme par celle-ci. Il a réalisé de nombreuses magouilles pour s'imposer en maître incontesté de l'informatique, sa fameuse "guerre sainte contre les concurrents".
    Alors il peut bien donner des bonbons aux africains, ça n'effacera pas le fait que, pour le pouvoir et l'argent, cet individu a donner à l'informatique tous ses droits.

    Je laisse ici un reportage sur Bill Gates, qui permettra sans doute d'y voir plus clair sur ce lugubre personnage - c'est-à-dire de voir au delà de la photo d'un homme d'affaire number 1 qui jette de sa table des miettes pour l'Afrique.

    http://www.youtube.com/watch?v=8fv8rgLL8VI

    michel terestchenko a dit…

    Eh bien, voyez-vous, je crois que la naïveté n'est pas où le croit. Il est tellement plus facile de penser ce que vous écrivez. Mais vous n'êtes pas le seul à le penser et j'étais parfaitement conscient en publiant ce billet des réactions qu'il allait déclencher. il se trouve que je connais le journaliste qui a réalisé cet entretien. Que B.G. ait des "casseroles" comme vous dites, n'en fait pas un lugubre personnage. Il faut ignorer beaucoup de la culture américaine et du sens de la tradition philanthropique (qui, non, n'est pas simplement une affaire d'impôt) pour écrire cela.
    Cela dit, sans rancune.

    michel terestchenko a dit…

    J'ajoute : ce n'est parce que ce sont ses propos, ceux de sa femme en réalité, qu'on ne peut pas les citer, ni même s'y confier, en partie du moins. Imaginez que ce soit Mandela qui ait parlé, auriez-vous eu la même réaction exaspérée, cher Mathieu ? Vous êtes de parti pris. Mais qu'il y ait du "gris", évidemment. Ai-je dit qu'il était un saint ?

    MathieuLL a dit…

    Cher monsieur Terestchenko,

    Je suis heureux de votre réaction et reçoie avec un grand plaisir votre argument. En effet, on ne peut réduire un individu au bien et au mal, et peut-être que, chez B.G, son procès lui a fait prendre conscience de l'importance de l'humain... En ce sens, ce serait une véritable conversion. Bien que j'en doute, je deumeure ouvert...
    BIen à vous !

    (PS : j'ai écrit insolant au lieu d'insolent... Sans un acte manqué pour désigner mon propre propos)

    Anonyme a dit…

    ce soir, jeudi 30 Mai, sur Arte à 22H30 :
    " Le vaccin selon Bill Gates"
    Aucune idée de la qualité ou de l'orientation du propos de cette enquête documentaire...
    Angelina J-M, master2

    Anonyme a dit…

    Bonjour,
    Puis-je me faire momentanément l'avocate de Mathieu, faute de me faire celle du diable? En précisant, que je n'ai pas étudié plus que ça le cas(BC)BG, ayant sur le feu des travaux bien plus passionnants.
    Il y a des personnages historiques qui ont délibérément abandonné une situation sociale privilégiée et prometteuse pour vivre comme, avec et du côté des pauvres : François d'Assise, par exemple, officiellement pris comme modèle par le pape récemment élu.
    Pour suivre Jésus, les apôtres ont dû abandonner pères, mères, femmes et enfants,leur village natal et leur métier ancestral de pêcheur. Ils sont partis sur les routes comme des vagabonds.
    Vous citez Nelson Mandela. Je ne connais pas beaucoup plus de choses sur sa vie que sur celle de BG. Mais j'imagine que s'il avait voulu faire du bien -et peut-être l'a-t-il fait- il se serait contenté du geste, sans avoir besoin de la publicité faite autour.
    Et puis, je suis désolée de faire ce raccourci mais c'est une question qui me tourmente, depuis le Dr Mengele on sait à quoi peut servir la médecine, et ce n'est pas à sauver des gens en leur supprimant toute souffrance...Orages ordinaires (je ne sais plus quel auteur américain à succès en est l'auteur) ouvre pas mal les yeux aussi sur la noirceur du monde pharmaceutique actuel.
    J'ai récemment appris que les trois sociétés philanthropiques françaises du XIX ont été le terreau d'hommes tels que Guizot, Thiers(l'assassin des communards). Certes, ils ont retourné leur veste (vous écriviez sur la fidélité à soi-même l'autre jour), et cela ne devrait préjuger en rien sur la tradition philanthropique (quoique...). Un des rares philanthropes français à être resté fidèle à ses idées de jeunesse en tentant de les réaliser est un certain Benjamin Appert. Il a passé sa vie à visiter les prisons européennes avec le projet de réaliser une prison modèle en Grèce pour le respect de la dignité des prisonniers (au XIX comme au XXI, les conditions de détention y sont effroyables). Il est mort dans la déchéance, sans avoir pu réaliser le projet de toute une vie. Mais lui au moins était sincère et n'a pas varié d'un iota de sa grande idée généreuse.
    On ne peut pas en dire autant de certains parcours de vie aujourd'hui. Bien sûr, a-t-on le droit de comparer des vies ? Et si le modèle donné par B. Appert plaît, sa destinée ne semble pas plaider pour qu'on lui emboîte le pas. Questions éternelles et difficiles...
    Concernant BG,dans l'état actuel de mes connaissances et de mes réflexions, je trouve le gris très sombre et contrairement à Mathieu, vos arguments ne me satisfont pas complètement.
    Merci cependant à tous les deux pour nous faire réfléchir sur ces questions délicates. De chacun de vous, je garde une phrase qui n'a pas fini de me faire réfléchir.
    Pourriez-vous nous parler dans un prochain billet de cette trop fameuse culture américaine et de la tradition philanthropique ? Le peu que j'en connais (un véritable cauchemar, du génocide des Indiens d'Amérique à Guantanamo), ne m'attire pas du tout. Mais je ne demande qu'à découvrir tout ce que j'ignore sur elle(s)...
    Bien cordialement,
    Ingrid S.

    ABDALLAH ALI Echati (SEPAD) a dit…

    Voici ce que je pense :
    BG a été cet homme assoiffé de réussite, de connaissance (dans le domaine qui le passionnait) et de pouvoir. Il ne me paraît pas si différent des autres grands hommes (grand homme n’étant pas nécessairement synonyme de «bon »). Je ne vois pas l’intérêt de se nourrir de haine ou de rancœur sur un homme qui ne m’a pas causé de tort ni à moi ni aux autres civils innocents et qui dans le terrain de la guerre du commerce (de la technologie) et de soif de puissance, terrain dans lequel se trouvaient autant d’assoiffé que lui mais peut-être pas aussi rusé, il se soit conduit sans scrupule. La justice a fait son travail.
    En ce qui concerne sa conversion philanthropique, il m’est encore peu égal. Tant qu’il permet réellement de résoudre des problèmes graves dans le monde, ça ne peut être que bien. Alexander Sutherland Neill disait « qu’importe mes motivations dès lors que les résultats son bon ».
    Ce qui me dérange cependant dans la philanthropie c’est cette publicité qu’on est obligé d’en faire, et qui amène les autres à mettre en doute les motivations sincères de l’acte.
    C’est un sujet très intéressant qui mérite encore d’être débattu