On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

dimanche 6 janvier 2013

Maureen Forester

La grande contralto canadienne Maureen Forester chante, avec quel bonheur ! l'aria "Se bramate d'amar chi vi sgena", du Serse (Xerxès) de Haendel (1738):

20 commentaires:

NN a dit…

Bonjour,

Puisque l'on aborde un thème musical que vous nous faites partager ,j'aimerais faire découvrir,à ceux que cela intéresse ,un morceau que j'écoute en ce moment de Maurice Ravel :Kaddish:concerto pour guitare par Liat Cohen.

Bonne écoute
Nathalie N sepad L2

Michel Terestchenko a dit…

Merci chère Nathalie

Catherine.Cudicio a dit…

Bonjour à tous,
Rien de tel qu’une aria de Haendel pour se faire du bien! Sans nier l’immense talent de Maureen Forrester ce n’est pas l’interprète de Haendel que je préfère car je trouve qu’elle entretient un rapport trop guerrier au texte musical, en plus sur cet enregistrement elle n’est pas favorisée par l’orchestre. L’interprétation des musiques dites baroques a beaucoup évolué en quelques décennies. Nella Anfuso (notamment dans sa version des cantates profanes de Vivaldi) était partisane d’une approche très libre de ce répertoire donnant une très large part à l’improvisation et l’ornementation. Les bons musiciens à l’époque de Haendel étaient tous de bons improvisateurs (les partitions n’étaient que chiffrées et non écrites en détails). Ce n’est pas ce style libéré qui a été retenu par les «baroqueux». Cecilia Bartoli s’inscrit bien dans le sens théâtral de cette musique, et comme Nella Anfuso, elle est musicologue et chercheuse passionnée. Tant pis, je vais le dire, en art lyrique, les excellents interprètes se limitent généralement à un répertoire dans lequel leur talent donne le meilleur. C’est très très compliqué de jouer ensemble, le moindre détail compte, cela implique d’écouter ce que joue son voisin, et le soliste, et les autres pupitres, et tout cela sans rompre le contact avec le chef. Vive la musique!

MathieuLL a dit…

C’est étrange comme mon oreille ne parvient pas à jouir de musiques gaies ou ‘joviales’. Au moment où j’écris ces mots, j’écoute Sarabande (d’Haendel…). Il n’y a que les airs tristes, tragiques, mélancoliques ou nostalgiques qui m’émeuvent… ! Mais bon, j’essaie de déboucher quelques artères afin que mon cœur draine davantage d’émotions. Sur ce, je écoute le dernier Piano Sonata D959 Andantino de Schubert.
Bonne soirée
Mathieu,

B

Michel Terestchenko a dit…

Merci pour ces commentaires, chers amis, et ces savantes précisions, chère Catherine. Vous enrichissez ce blog, cette table conviviale où nous nous réunissons, pas si virtuellement que cela, il me semble.

MathieuLL a dit…

Je voulais juste donner en référence un extrait du "Colonel Chabert", où apparait la sonate de Schubert. C'est une scène vraiment magnifique. Le solennel y transpire avec une profonde dignité ; la tension du drame se répand dans un silence de mort tandis que les hommes tirent leur épée fièrement. Sur les drapeaux : valeur et discipline. Personne ne reculera. Puis vient la charge : elle se fait aussi dans un silence qui masque, on le sait, les cris de guerre des cavaliers - seul le tonnerre des sabots retient notre souffle, pendant que nous assistons au moment le plus tragique : l'ouverture du feu par les grenadiers ennemis...

Voilà, en espérant que vous y trouverez du plaisir !

MathieuLL a dit…

avec le lien ce sera mieux
http://www.youtube.com/watch?v=slaNADrdPMA

Emmanuel Gaudiot a dit…

Cette musique est belle : elle nous plaît ou non. Certains suggèrent d'autres musiques, qui sont belles, qui nous plaisent ou non. On devise, on échange.
La musique est forme et fond, forme et matière. La musique nous bouleverse ou nous barbe ; et ceci, sans un mot, parce qu'elle agit sur notre coeur et sur notre esprit : sur notre âme.
La musique comme accès direct à ce que nous sommes ? Pourquoi pas : une part d'inné, beaucoup d'acquis, et surtout pas de théorie: que du plaisir.
Merci Michel pour ces moments que j'aime tant. Merci chers camarades pour vos commentaires si stimulants.

Dominique Hohler a dit…

Merci à Matthieu pour l'extrait du Colonel Chabert. J'avais adoré ce film mais je n'avais pas assez vu ce passage. La sonate de Schubert représente la civilisation et ce qui suit représente la barbarie. Ordre inversé du progrès...
Il y a aussi dans le Colonel Chabert cette conversation entre Fanny Ardant et André Dussolier, conversation de boudoir faite de sous-entendus et de silences. Ca aussi c'est du Schubert !

Dominique

DéfiTexte a dit…

J'écoute BACH - Cello Suite No 3, BWV 1009 in C major de Kirshbaum sur 1.FM - Otto's Baroque Musick avec TuneIn Radio. http://tun.in/sevvU

marcus a dit…

« La musique comme accès direct à ce que nous sommes ? Pourquoi pas : une part d'inné, beaucoup d'acquis, et surtout pas de théorie: que du plaisir. » Cependant cette belle affirmation me pose un drôle de problème de définition du critère du beau, cher Emmanuel (bonjour à ta « petite » famille et ton épouse qui «fait un métier formidable !!! ») : un air des « pierres qui roulent » peut-il être aussi beau qu'un aria de Haendel, pour peu que nous aimions plus, question de culture, la première que la seconde ? Et moi-même et mes Rolling Stones, serions-nous beaux pour ceux qui nous aiment et laids pour les autres (pour vous cher professeur, chère Catherine?) ? Quelles sont les forces qui nous poussent à être davantage émus par Maureen, Nella, Cécilia ou Mick ?
Je ne tenterais pas de défendre ici, sur ce beau blog, la beauté du style des papys rockers et qui me plaît tant : la beauté des riffs de Richards et du phrasé androgyne de Jagger est au-delà de ce que je pourrais en dire. C’est même parce que je ne peux pas expliquer pourquoi cela me touche davantage que le baroque (même s’il est interprété de manière « guerrière » ? ) de Maureen Forester, que cela me touche tant.
Ce que je peux faire par contre, c’est « essayer » de comprendre, d’interroger ce que relève mon désir de partager mon émotion musicale. Malgré tout ce qui peut nous séparer et dont aujourd’hui nous sommes si fiers, n’aimerions-nous pas être d’accord ? N’y a-t-il pas une part de nous qui rêve à cet accord ? Avec les autres, avec tous les autres visiteurs de ce blog ? A une sorte de communion universelle ? (n’est-ce pas votre intention première cher professeur, chère Catherine ? Et tous les autres ? ). C’est cette part de nous, que la beauté réveille, que nous assumons le temps d’un court « Putain… Qu’est-ce que c’est beau !»…
Tout nous sépare, je pense, sur nos goûts musicaux, mais lorsque nous jugeons « que c’est beau », nous ne voyons pas pourquoi l’autre ne serait pas pareillement touché. L’émotion musicale est ici une belle promesse : la promesse d’un accord entre les hommes dirait Kant dans sa « Critique de la faculté de juger ». Evidemment cette promesse n’est pas ou ne sera pas tenue. Mais la promesse elle-même nous fait du bien. La musique ici nous rappelle que la politique est possible, puisque nous nous surprenons à espérer un accord entre les hommes. Cette musique nous rappelle peut être aussi que la morale est aussi possible, si l’on en juge par cet élan vers les autres qui surgit au cœur de cette émotion subjective.
Alors, cher professeur, chère Catherine, cher Matthieu, cher Dominique… Mille excuses de ne pas « complètement » vibrer sur ce « baroque-là ! » (aurait pu dire le Monsieur Jourdain de Molière) ; mais je tenais à vous rassurer ou à vous demander : …
… ce n’est pas grave, ce qui compte, c’est la promesse. Non ?
marcus
en mode « Sympathy for the devil… »

MathieuLL a dit…

Bonjour cher Marcus,
Vous présupposez que ‘nous’ aurions des goûts différents des vôtres. Mais pourquoi donc ? Certes, nous avons discuté, dans le contexte, de musiques classiques et baroques. Pour ma part cependant, je suis un grand fan de Bob Dylan, des Stones, de Springsteen et du triplet blues-folk-rock en général… (Highway 61 revisited, Blood on the tracks et Time out of mind sont mes trois albums préférés de Dylan… je les ai écouté un million de fois).
Chaque musique s’apprécie dans SON CONTEXTE … En fait, un œuvre d’art manifeste une idée, un affect particulier de l’âme humaine. Même le rap, bien que je n’en sois pas friand, transpose aussi , à sa manière, le contenu émotionnel de certaines régions de l’esprit…
Pour vous le dire, franchement, je n’ai JAMAIS aimé la musique de Mozart (sauf son dernier Requiem, lequel n’est d’ailleurs pas entièrement de lui). Je trouve son genre musical ennuyant et ‘superficiel’ (ie : les seules images qui me viennent à l’esprit lorsque je l’écoute : celles des grosses femmes poudrées agitant des éventails et riant sottement). A l’inverse, la musique de Beethoven dégage un aura quasi mystique – c’est tantôt la passion, le tragique et la gloire qu’elle incarne.

Cher Marcus, si vous voulez ‘communier’ avec moi, je vous encourage à écouter (de Dylan) Time out of mind, en particulier Not dark yet, Shelter from the storm dans blood on the tracks, et Blind Willie Mctell (la version suivante : http://www.deezer.com/fr/#/search/blind willie McTell dylan )
Bonne soirée à tous

Unknown a dit…

Cher Matthieu,

Je trouve votre jugement sur Mozart très excessif. Il est vrai qu'historiquement Mozart n'est pas ce qu'on pourrait appeler un grand novateur de la musique, comme l'a été Beethoven que vous citez ou même Wagner, Mahler ou Stravinsky - qui ont littéralement bouleversés l'histoire de la musique au même titre qu'un Flaubert, un Rimbaud, un Proust ou un Céline ont bouleversés l'histoire de la littérature. Cependant, comment dire que Mozart est superficiel quand il est l'un des rares compositeurs à disposer d'un "style", au sens où sa musique dispose d'une singularité qui la rend reconnaissable dés les premières mesures ; et qu'en outre, au delà de sa virtuosité, touche autant par sa sincérité que par la troublante homogénéité des émotions de tristesse et de joie que chaque mesure semble porter en elle, comme si l'infini des émotions humaines avait trouvé sa voix. Comment trouver superficiel le concerto pour piano n°23 ? Comment ne pas être bouleversé par le concerto pour violon et harpe K 229 ? Par ailleurs, vous laissez entendre que le Requiem est appréciable en grande partie parce que Mozart n'est pas l'unique compositeur. Pardonnez moi, mais le travail de ses élèves sur la partition non terminée est essentiellement un travail d'orchestration et non de composition. Néanmoins, je suis d'accord avec vous sur le Requiem, il est bien possible que ce soit son chef-d'oeuvre (n'en déplaise à Glenn Gould qui pensait que Mozart était mort trop vieux...). Concernant Beethoven, je suis un peu gêné par l'utilisation du terme "mystique" qui, à mon sens, a une connotation un peu trop religieuse pour un compositeur qui, en effet, comme vous dites très justement, a cherché à peindre les passions de l'homme, ce qui le différencie de Bach, qui, lui, s'adressait plutôt à Dieu qu'aux hommes (ou bien, peut-être, s'adressait-il aux hommes avec la voix de Dieu...). Je reste toutefois un farouche admirateur du dernier Beethoven, de sa grande fuge, de ses dernières sonates, et surtout de ses quatuors à cordes, qui ont fait de ce genre l'un des monuments de beauté savante de la civilisation occidentale, au point qu'avant Bartok, aucun compositeur n'a à mon sens réussi à rivaliser avec Beethoven, et que "l'épreuve" du quatuor a été si redouté par les compositeurs - tant redouté que des compositeurs comme Fauré ont attendu d'avoir un âge très avancé pour s'y mettre. Je termine avec vos considérations esthétiques sur la musique et ce qui semble être une forme de "relativisme" quand vous avancez que musique populaire et musique savante se valent. Vous voyez, je vais peut-être paraître "inactuel" par rapport à une époque où l'on tend à nous faire croire que tout se vaut, mais je pense qu'il existe des hiérarchies, et je ne crois pas que Georges Crumb et Booba se valent, comme je ne crois pas que Pierre Boulez et Sinik se valent, de la même manière que Grand Corps Malade et Edgar Varèse ne sont pas à mettre sur la même échelle. Je termine avec cette citation de Schönberg qui peut énerver mais qui permettra aussi, pour ceux qui le souhaitent, de débattre : « Si c'est de l'art, ce n'est pas pour tout le monde. Si c'est pour tout le monde, ce n'est pas de l'art. »

Unknown a dit…

Cher Matthieu,

Je trouve votre jugement sur Mozart très excessif. Il est vrai qu'historiquement Mozart n'est pas ce qu'on pourrait appeler un grand novateur de la musique, comme l'a été Beethoven que vous citez ou même Wagner, Mahler ou Stravinsky - qui ont littéralement bouleversés l'histoire de la musique au même titre qu'un Flaubert, un Rimbaud, un Proust ou un Céline ont bouleversés l'histoire de la littérature. Cependant, comment dire que Mozart est superficiel quand il est l'un des rares compositeurs à disposer d'un "style", au sens où sa musique dispose d'une singularité qui la rend reconnaissable dés les premières mesures ; et qu'en outre, au delà de sa virtuosité, touche autant par sa sincérité que par la troublante homogénéité des émotions de tristesse et de joie que chaque mesure semble porter en elle, comme si l'infini des émotions humaines avait trouvé sa voix. Comment trouver superficiel le concerto pour piano n°23 ? Comment ne pas être bouleversé par le concerto pour violon et harpe K 229 ? Par ailleurs, vous laissez entendre que le Requiem est appréciable en grande partie parce que Mozart n'est pas l'unique compositeur. Pardonnez moi, mais le travail de ses élèves sur la partition non terminée est essentiellement un travail d'orchestration et non de composition. Néanmoins, je suis d'accord avec vous sur le Requiem, il est bien possible que ce soit son chef-d'oeuvre (n'en déplaise à Glenn Gould qui pensait que Mozart était mort trop vieux...). Concernant Beethoven, je suis un peu gêné par l'utilisation du terme "mystique" qui, à mon sens, a une connotation un peu trop religieuse pour un compositeur qui, en effet, comme vous dites très justement, a cherché à peindre les passions de l'homme, ce qui le différencie de Bach, qui, lui, s'adressait plutôt à Dieu qu'aux hommes (ou bien, peut-être, s'adressait-il aux hommes avec la voix de Dieu...). Je reste toutefois un farouche admirateur du dernier Beethoven, de sa grande fuge, de ses dernières sonates, et surtout de ses quatuors à cordes, qui ont fait de ce genre l'un des monuments de beauté savante de la civilisation occidentale, au point qu'avant Bartok, aucun compositeur n'a à mon sens réussi à rivaliser avec Beethoven, et que "l'épreuve" du quatuor a été si redouté par les compositeurs - tant redouté que des compositeurs comme Fauré ont attendu d'avoir un âge très avancé pour s'y mettre. Je termine avec vos considérations esthétiques sur la musique et ce qui semble être une forme de "relativisme" quand vous avancez que musique populaire et musique savante se valent. Vous voyez, je vais peut-être paraître "inactuel" par rapport à une époque où l'on tend à nous faire croire que tout se vaut, mais je pense qu'il existe des hiérarchies, et je ne crois pas que Georges Crumb et Booba se valent, comme je ne crois pas que Pierre Boulez et Sinik se valent, de la même manière que Grand Corps Malade et Edgar Varèse ne sont pas à mettre sur la même échelle. Je termine avec cette citation de Schönberg qui peut énerver mais qui permettra aussi, pour ceux qui le souhaitent, de débattre : « Si c'est de l'art, ce n'est pas pour tout le monde. Si c'est pour tout le monde, ce n'est pas de l'art. » Florent Belpaume SEPAD Licence 3 Philosophie

MathieuLL a dit…

Cher Florent,

Je ne me reconnais absolument pas dans votre commentaire… permettez-moi donc d’éclaircir le vocabulaire que j’ai employé.

Par superficiel, je n’entends pas la médiocrité dans la technique. De fait, je ne retire rien - en ce sens - au génie de Mozart. Je faisais seulement allusion au contenu affectif de son œuvre qui, en ce qui me concerne, ne suscite presque aucune émotion. Prenons un exemple philosophique. Que pensez-vous des œuvres de Heidegger ? Le style est complexe, le langage ardu mais les idées… incompréhensibles. Il s’agit certes d’un virtuose de l’expression ; cependant, point de vue qualitatif, il n’atteint pas les chevilles d'un Nietzsche dont la richesse de la pensée a mis fin, je crois, à l’histoire de la philosophie (à de rares exceptions près comme Bergson et Sartre en France, Husserl en Allemagne), BIEN QUE son style soit "profane".

Enfin, je n’ai jamais parlé de relativisme, mais de contextualisation. Les émotions humaines, en effet, peuvent être hiérarchisées (voilà pourquoi je suis un farouche opposant à toute forme de bien-pensance égalitariste et uniformisatrice). De fait, les musiques qui traduisent des émotions élémentaires ou 'basses' ne suscitent que peu de réactions chez les êtres plus nobles, ie ceux qui éprouvent une plus grande quantité d’émotions à des degrés supérieurs d’ 'ébranlement affectif'. Il est clair que Justin Bieber déclenche des sentiments passionnés chez nombre de jeunes adolescentes en rut. Mais, lorsqu’elles grandiront (ce que je leur souhaite) elles apprendront sans doute à éprouver des sentiments plus riches et complexes… et alors Bieber leur paraîtra bien fade.

C’est pourquoi nous avons tendance à déprécier les œuvres qui plaisent au grand nombre : parce qu’elles pincent les cordes de notre cœur trop connues et donc sans intérêt. Cela dit, une telle façon de penser est vicieuse. Car elle tend à nous faire apprécier des œuvres SOUS PRETEXTE qu’elles sont mal aimées par la masse. Je vous demande, cher Florent : dans une société d’intellos où tous aimeraient Mozart, serait-il bien vu de préférer Bieber ? Avec un tel raisonnement : sans aucun doute. (Raisonnement que je ne partage pas, vous l'aurez compris.)
Donc, si le relativisme est "trop facile", il ne faut pas non plus perdre de vue que, si une œuvre est appréciée par une personne, c’est qu’elle lui parle. Tout langage admet certes des degrés de de perfection allant du babillage aux phrases complexes ; mais chaque son exprime, à sa manière, un 'quelque chose' de l’individu et de sa vie intérieure.

Bien à vous !

MathieuLL a dit…

ps : je trouve votre assmilation entre mystique et religieux un peu trop rapide. etymologiquement, mystique signifie ce qui est 'secret'. La musique dévoile des émotions secrètes - lesquelles, donc, n'apparaissent que lorsqu'on se met à jouer.

Catherine.Cudicio a dit…

Bonjour à tous, merci en particulier Florent, Mozart mérite bien mieux en effet. Sa musique est bien plus audacieuse qu’on ne l’imagine, notamment parce qu’il construit un nouvel équilibre entre l’orchestre et le chant qui donne au premier une présence dramaturgique intense, les pièces où conversent orchestre et instruments donnent la parole à chacun sans donner le pouvoir à aucun, car tous participent à la création. La connaissance des œuvres dans leur aspect théorique ne m’a jamais empêchée de ressentir des émotions à leur écoute, je ne vais pas au concert avec la partition sous le bras, mais j’admet que je me renseigne sur l’œuvre, afin de mieux l’apprécier. Par exemple, repérer les références, citations qui sont très nombreuses dans la musique dite classique, tout comme dans le jazz. Florent, vous citez fort justement Edgar Varèse qui signe des partitions «hermétiques» au yeux des néophytes, pourtant certaines de ses pièces (densité 21.5 pour ne citer qu’elle) sont aujourd’hui devenues des classiques enseignés et joués au plus haut niveau. De même pour Penderecki, Luigi Nono et tant d’autres. Oui l’art demande un effort, une éducation, le soutien d’une pensée et s’oppose en cela à nombre de croyances naïves à propos d’un «don» pour la musique ou toute autre forme d’art. Si on se risque à établir une hiérarchie elle n’est qu’un reflet de la subjectivité, de la formation artistique, des goûts du milieu culturel comme le décrit Luc Ferry dans son livre Homo aestheticus. L’important ce n’est pas tellement le style ou les œuvres, mais la sensibilité artistique, l’aptitude à créer et s’émouvoir.

Anonyme a dit…

Merci, chers collègues, pour ces commentaires enrichissants sur la culture musicale. Cela donne vraiment envie d'écouter quelques disques de tout genre...
Puisqu'il a aussi été question de la diversité des goûts, je voudrais recommander la lecture des Essais esthétiques de Hume. Dans "De la norme du goût", le philosophe anglais met clairement en évidence pourquoi n'importe quelle oeuvre de Mozart a plus de valeur esthétique que "La danse des canards" (lui compare les romans de Milton et Ogilby). Il existe en effet des évidences esthétiques, même si leur reconnaissance nécessite une certaine éducation artistique et un certain bon sens (pour juger par exemple des qualités formelles de l'oeuvre).
R.Lecomte

Franck Nicolas (M2) a dit…

Art poétique
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse et qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la pointe assassine,
L'esprit cruel et le rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De tendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime !
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

P. Verlaine

Unknown a dit…

Vous jouiez Mendelssohn ce soir-là ; les flammèches
Valsaient dans l'âtre clair, cependant qu'au salon
Un abat-jour mêlait en ondulement long
Ses rêves de lumière au châtain de vos mèches.

Et tristes, comme un bruit frissonnant de fleurs sèches
Éparses dans le vent vespéral du vallon,
Les notes sanglotaient sur votre violon
Et chaque coup d'archet trouait mon coeur de brèches.

Or, devant qu'il se fût fait tard, je vous quittai,
Mais jusqu'à l'aube errant, seul, morose, attristé,
Contant ma jeune peine au lunaire mystère,

Je sentais remonter comme d'amers parfums
Ces musiques d'adieu qui scellaient sous la terre
Et mon rêve d'amour et mes espoirs défunts.

Emile Nelligan