On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

samedi 24 septembre 2011

Et maintenant on va où ? de Nadine Labaki

Quand c'est à l'inventivité joyeuse et fantasque des femmes, jamais à court de ressources imprévues, bien qu'elles soient de religions différentes - chrétiennes et musulmanes - qu'il revient d'empêcher les hommes, ces grands idiots, de s'entretuer dans un village déjà meurtri par les conflits confessionnels qui déchirent leur pays, et où la moindre étincelle risque de mettre le feu au poudre des passions vengeresses de ces forts-à-bras, cela donne, en peu de mots, le thème principal du beau film de la jeune cinéaste libanaise, Nadine Labaki, Maintenant on va où ? Et puisque seule une passion plus puissante peut faire contrepoids à une passion de moindre intensité - une leçon chère à Rousseau et aux empiristes - elles les tiendront par où ils sont les plus faibles, quitte à faire appel à des alliées qu'aucun d'entre eux n'aurait imaginé rencontrer, même dans ses rêves les plus débridés.
Un petit bijou d'intelligence, d'humour - on y rit beaucoup - d'espoir aussi et dans le grand ciel imbécile de la guerre dont ces mères et ces épouses portent le deuil, un magnifique hymne à la paix. Et pour une fois, ici les religieux, le prêtre et l'imam, ne sont pas présentés comme des pousse-au-crime, mais comme de réels pacificateurs, quand ce n'est pas la Vierge elle-même qui s'en mêle lorsqu'il s'agit d'inspirer à ces diablesses une solution drôlatique à souhait que je vous laisse découvrir. Dommage que ce film n'ait pas été realisé par un homme, c'est le seul regret ! Vous l'aurez compris : à voir sans délai, pour son plus grand bonheur.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir,
Merci pour cette invitation au cinéma. A ce sujet, l'écrivain Hyam Yared (déjà évoquée ici même à notre hôte) était sur France Culture jeudi dernier entre 12 h et 12 h 30 pour parler du film de Nadine Abaki (dans l'émission La Grande Table - l'émission doit toujours être sur le site de France Culture). L'écrivain libanaise a notamment évoqué sa grand-mère, de son indépendance d'esprit et de vie, malgré les tabous, le poids des traditions et la guerre civile (voir son roman Sous la tonnelle dont j'avais proposé la lecture à M. Terestchenko pour l'un de ses projets). Elle rapporta deux des phrases que sa grand-mère lui disait souvent et qui disent beaucoup sur la condition des femmes : "Dis oui et fais à ta tête"; "Si tu ne peux pas faire ce que tu veux, veux ce que tu peux".
Leyla

Anonyme a dit…

Bonjour Monsieur,

Je ne connaissais pas du tout le film « Mais on va où ? » de Nadine Labaki. J’ai lu votre article et j’ai été plutôt intriguée par le film donc je suis allée voir la bande-annonce, n’ayant pas vu le film, je ne peux qu’évoquer le sentiment que j’ai eu en regardant ces quelques minutes qui représentaient le film :

- Comme évoqué dans votre article, on ressent l’humour et nous avons envie de rire, pas de la situation dont ces femmes sont prisonnières, ni de la guerre mais bien des stratagèmes qu’elles créent pour que justement cette querelle de religion s’arrête.

- Effectivement, le prêtre et l’imam essayent de rassembler tout en étant « de réels pacificateurs ». D’ailleurs, les acteurs qui jouent chacun respectivement le prêtre et l’imam joue des religions différentes.