On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

mercredi 4 mai 2011

Barak Obama, le prince machiavélien

Aussi terrible l'ordre d'exécuter Oussama Ben Laden nous parait-il, c'est comme tel sans doute que la décision a dû être envisagée par le président des Etats-Unis : non avec cynisme, mais avec scrupule. Peut-on douter que ce chef d'Etat, exceptionnel sous bien des aspects, ne sache aujourd'hui, en son âme et conscience, qu'il est devenu, à ses propres yeux du moins, sinon tout à fait un assassin, en tout cas, le seul responsable de cet assassinat ? Un avatar du prince bon, tel que Machiavel le dépeint, conduit à "entrer dans le mal" pour des raisons qu'il estime supérieures à la fidélité incondionnelle aux principes de sa conscience morale, mais pleinement conscient des implications fatidiques pour sa propre âme de cette transgression absolue.
On comprend mieux, dès lors, le visage de gravité qui était le sien au moment d'annoncer l'événement au monde entier. L'absence de triomphalisme, la modestie affichée, n'expliquent rien des vraies raisons. Voilà un homme qui a pris ses responsabilités et si lui, à la différence de tant d'autres, à cet instant là, ne se réjouissait pas, c'est qu'il savait les conséquences personnelles de cette décision, la plus grave de son existence, qu'il devra désormais porter jusqu'à la fin de ses jours et, parce qu'il est croyant, dont il devra rendre compte devant Dieu puisqu'elle met en péril le salut de son âme. Ne pas voir les choses de cette façon serait nier à cet homme la profonde intégrité qui, je crois, le distingue de tant d'autres gouvernants de moindre envergure.
Mais ne nous étonnons pas : maintenant que les scrupules sont passés, que les décisions ont été prises et que les événements sont arrivés à leur terme, le discours public sera ferme, lisse, sans couture, ni traces de cicatrice.
Comme il est significatif, et révélateur des complexités de la condition humaine, que l'actualité nous ait conduit à mettre en relief ces deux figures que sont Barak Obama et John Rabe, l'honnête homme qui ordonne, commande et dirige l'exécution d'un autre homme, le nazi qui en sauva des milliers de la mort !

3 commentaires:

Laurence* a dit…

En tant que chef de guerre, il en a d'autres des morts sur la conscience, non ?!

Michel Terestchenko a dit…

C'est tout à fait autre chose. Ces guerres-là, il ne les a pas décidées, puisqu'elles avaient commencé sous l'administration précédente.

Laurence* a dit…

Tout à fait autre chose ? En êtes-vous si sûr ? Si l'on va par-là, c'est aussi l'administration précédente qui avait lancé la chasse à l'homme sans ambiguïté aucune sur la finalité de celle-ci, non ?! Voilà Obama sauvé d'entre les Saints ! Ouf...