On se forme l'esprit et le sentiment par les conversations, Pascal

jeudi 13 janvier 2011

Projet

Et si nous le faisions ensemble, ce livre sur la littérature et le bien ? Vous me proposeriez, ainsi que je vous déjà l'ai demandé, des auteurs, des livres. Je les lirai, peut-être pas tous, mais ceux qui me paraissent le mieux convenir, puis je rédigerai un billet, qui serait appelé à devenir ensuite un chapitre, après que nous en avons discuté ensemble ici. Ce pourrait ainsi être une vraie collaboration, même si gentiment vous me laisseriez l'essentiel du travail à faire. Le jour où le livre paraîtrait - et pourquoi pas ? - je vous rendrai ce que je vous dois et le présenterai comme le fruit de ce travail en commun. Il faudrait que vous soyez quelques-uns à vous prêter à ce jeu la main dans la main. La proposition est lancée...

25 commentaires:

Desage a dit…

Avant toute réflexion, et sans que la référence me paraisse incontournable, seulement au hasard d’une récente relecture, je pense à l'assez curieux personnage d’Atticus Finch dans « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » de Harper Lee…
A suivre…
Yannick

Michel Terestchenko a dit…

Cher Yannick,

Je ne connais pas du tout. Pouvez-me dire pour quelle raison vous avez songé à cet auteur et à ce livre en particulier ?

Thierry a dit…

Cher Michel, quelle bonne idée!
Il me semble que "le vicomte pourfendu", d'Italo Calvino, est une jolie fable sur la question du bien et du mal, dont il ressort qu'à l'état pur, tous deux sont aussi inhumains, l'humanité étant un juste dosage des deux...
D'autre part, l'écrivain guatemaltèque Miguel Angel Asturias était un grand optimiste, chez qui le bien l'emporte toujours sur le mal, et ce dans presque tous ses romans... L'amour y triomphe des forces de l'argent, les vilaines bananeraies multinationales sont balayées par un ouragan, l'indien qui a eu un moment d'égarement auprès d'une mulatresse revient finir ses jours tout confus auprès de sa petite indienne etc. Bien à toi, Thierry

Michel Terestchenko a dit…

Un grand merci, cher Thierry, voilà des suggestions précieuses que je vais suivre tout de suite. Mais dis-moi aurais tu une recommendation particulière d'un ouvrage d'Asturias par lequel commencer ?
Amitiés et milles bonnes choses pour 2011.
Michel

Michel Terestchenko a dit…

Cher Thierry,

Sans attendre, j'ai commandé "Monsieur le Président" d'Asturias. Et que penses-tu d'un ouvrage d'Octavio Paz ? Le connais tu ? J'ai dans ma bibliothèque L'amour et la flamme (si je me souvient bien du titre) que je vais regarder.

Desage a dit…

Avant tout parce que (même si c’est au prix d’un artifice narratif, très subtil et quasi insensible) le point de vue sur le personnage d’Atticus est celui d’une petite fille d’environ 8 ans, une quasi "infans", qui ne sait, par conséquent, ni juger, ni même nommer ce qu’elle voit, qui montre comme par inadvertance, qui glisse sans appuyer (avec quelque chose de très rare : la gaieté d’un bossu, l’impudeur d’un “petit diable”, et donc le cynisme d’un voyant qui, négligemment, transperce tout sans trop s’en faire)…
Parce qu’Atticus lui-même est peu disert, qu’il laisse à ses deux enfants (Jem et Scout), et par là même au lecteur, le soin de conclure, et aux choses la possibilité d’advenir "en leur temps"…
Parce que l’obstination qu’il met à adopter, ne fût-ce qu’« un moment », le regard de l’autre (jusqu’à avoir une vision neuve à travers ces « vieux trous ») confine à l’idiotie (ou à la sainteté, ce qui, ici, revient au même)
Parce que leur voisin Arthur (Boo) Radley, le voisin reclus, aphasique, débile mental, est, précisément, un double possible de ce défenseur de « mockingbirds ».
Parce qu’on ne saura jamais pourquoi il tire si bien à la carabine (l’histoire se passe dans les années 30, dans l’Alabama), ni pourquoi il a renoncé à l’usage de toute arme. Ni pourquoi les gosses l’appellent Atticus… Ni… ni…
Etc.
Peut-être connaissez-vous "Du silence et des ombres", l’adaptation qu’en a proposée Robert Mulligan, avec Grégory Peck en compromis hollywoodien (pour le coup, réussi) du personnage d’Atticus ?
J’aime beaucoup « Le Vicomte pourfendu », et l’idée est excellente. Cependant, même dispensée sur le mode rigolard, ludique, oulipien, la « lecture » en est si aisée qu’elle se passe de commentaires, ou à tout le moins perdrait en ambiguïté à être mise en concepts…
Bien à vous,
Yannick

Michel Terestchenko a dit…

Merci beaucoup, cher Yannick, pour cette très belle contribution. Je vais donc me procurer ce livre que vous nous invitez si éloquemment à découvrir.
Est-ce vous qui m'avez parlé de Bachau ?

Michel Terestchenko a dit…

Cher Yannick,

Je viens de commander Harper Lee. Grâce à vous, je découvre des auteurs et des livres, immensément célèbres, et dont j'ignorais tout, jusqu'au nom...

Unknown a dit…

Bonjour
Bigre ! la littérature et le bien ! J'ai lu tous les commentaires du blog et que de bonnes idées. Spontanément, je pense à Claude Simon (l'acacia, le tramway) et ses autres ouvrages. A Alessandro Baricco (Soie). A Le Clezio et le tout premier "Procès verbal".
Je m'aperçois que tous ces écrivains sont solaires, cad que la présence du soleil est capital. Et comme pour moi, le soleil est égal au bien (allez savoir pourquoi ?) je fais l'amalgame. Pour terminer (provisoirement) je ne saurais taire la merveilleuse "Musique du hasard" de Paul Auster : drôle et rédempteur...

Michel Terestchenko a dit…

Un grand merci, cher Georges. Ca va être dur de suivre tous ces bons conseils, mais ils sont vraiment précieux. Je ferai de mon mieux...

Hugo F a dit…

Que pensez-vous de la nouvelle de Maupassant Boule de Suif ? Dans cette satire sociale est raconté le voyage d’ « honnêtes gens » et d’une femme dite de petite vertu, surnommée Boule de Suif. Cette dernière essaie de se comporter de manière digne, en patriote résistante et en personne généreuse et finalement prête à se sacrifier pour les autres. Maupassant donne notamment ici à voir la part possible de naïveté de celui qui tente d’agir en étant guidé par un idéal. Les principes peuvent conduire à devenir un héros sacrifié. Après avoir été manipulée et utilisée par ses compagnons de voyage, Boule de Suif est finalement méprisée et laissée à l’écart par tous. Comment faire le bien sans courir à sa perte quand ceux qui nous entourent ne sont guidés que par leurs intérêts égoïstes ?

Desage a dit…

C’est curieux, tout de même, combien il serait, me semble-t-il, beaucoup plus aisé de vous citer cent films, voire des œuvres entières de cinéastes, qui de Chaplin à Ken Loach, de Capra à Guédiguian, de Satyajit Ray à Kurosawa, ont fait du « bien » leur préoccupation majeure, en sachant, pour les plus grands, éviter aussi bien le « pathos » que la « moraline », quand il paraît si difficile de convoquer, comme s’imposant d’évidence, quatre noms d’écrivains, sans qu’ils soient aussitôt suspects d’idéologie, d’irénisme, de sentimentalisme, de paternalisme philanthropique, et de tout autre nom en « isme » sous lesquels, alors, nous essayons d’enfouir notre cœur d’artichaut…

Michel Terestchenko a dit…

Comme vous avez raison, Yannick ! Mais pourquoi en est-il ainsi ? Ce serait un sujet en soi d'essayer d'apporter une réponse à ce "mystère" ? Peut-être en avançant pourrons nous essayer d'y voir plus clair. En tout cas, vous pouvez la question de façon saisissante ! Un grand merci !

Michel Terestchenko a dit…

Cher Hugo,

Merci beaucoup pour cette suggestion, à laquelle je n'avais pas songé. C'est pour moi une lecture lointaine vers laquelle je vais donc revenir.
Faisant suite au conseil de mon ami et collègue Thierry, j'ai commencé de Lire "Monsieur le président" d'Asturias. je n'ai encore lu qu'une cinquantaine de pages, ayant reçu le livre ce matin, mais c'est de toute évidence un très grand écrivain. Merci Thierry pour ce beau conseil.
Par contre, je dois avouer que je suis déçu par Antigone d'Henry Bachau. Je ne suis pas sûr de beaucoup apprécié son style...
A tous, en tout cas, merci de vos précieuses contributions. Mais ce n'est qu'un début. Ne cessez pas, je vous en prie, de me faire bénéficier de vos conseils. Je les suis scrupuleusement, vous le voyez...

Michel Terestchenko a dit…

vous "posez", pardon pour la coquille dans le précédent message.

Desage a dit…

Coquetterie oblige, et puisque vous m’avez posé la question : ce n’est pas moi qui vous ai parlé de Bauchau (avec un U), pour l’œuvre de qui (euphémisme), je ne me relève pas la nuit…
Ceci étant, j’ai déjà des craintes au sujet d’Harper Lee, qui n’est assurément pas un « très grand écrivain ». Mais il peut y avoir de belles choses, voire profondes, dans une œuvre par ailleurs « mineure »…
Je partage, en revanche, votre enthousiasme pour Asturias, même si, et c’est peut-être un tort, je ne l’aurais pas spontanément cité pour ce thème…
Pour ce qui est du rapport mot/images, littérature/cinéma, j’aurais bien, le moment venu, deux ou trois suggestions, qui engageraient, d’ailleurs, une réflexion sur la manière dont la « littérature populaire » n’a, quant à elle, aucun scrupule à multiplier les « chevaliers blancs » (même si « le Bien », alors, se fige, trop souvent, dans la majuscule et dans l’allégorie)…
Le choix de « Boule de Suif » me fait songer à une chose : peut-être faudrait-il circonscrire davantage le champ d’investigation. Des figures du bien, il y en a partout, fût-ce en arrière-plan, en contrechamp, et jusque dans les romans naturalistes qui faisaient pourtant du mal (social ou autre) l’élément à disséquer (le forgeron Goujet dans « L’Assommoir »). De là à dire que le thème soit une préoccupation centrale de l’auteur… Lorsque Bataille choisit Brontë, Sade, Kaka, Genet, etc., comme figures emblématiques, ce n’est pas parce que, épisodiquement, un de leurs personnages se comporte comme un salaud.
De surcroît, dans le cas de Maupassant, la question (entre autres) du patriotisme vient brouiller les cartes (ce qui est nettement moins le cas, d’ailleurs, dans l’adaptation de John Ford : « La Chevauchée fantastique »).
Bien à vous,
Yannick

Michel Terestchenko a dit…

Merci, chez Yannick. Vos remarques sont vraiment très riches et passionnantes. Je ne sais pas très bien ce qu'il va sortir de tout cela. Pour l'instant je me contente de commander les livres qui me sont suggérés et de les lire (du moins, ceux que je ne connais pas, et ce sont les plus nombreux, je l'avoue bien humblement). Bien sûr, il faudra que les figures du bien ne soient pas mièvres ou ridicules ; de là, le choix de l'ironie ou de l'humour comme chez Gary ou Cervantès. Mais le choix d'oeuvres "mineures" ou d'auteurs moins imposants que les grands géants de littérature me paraît convenir à un livre qui devrait être à la fois léger, profond, avec, si possible, une dose d'humour.
C'est un sacré pari à relever, c'est sûr. Et pour faire le pendant au livre de Bataille, il faudra se lever de bonne heure... Mais, bon, on peut toujours essayer et avec un peu de curiosité, qui sait ce qui se dégagera...

Thierry a dit…

Cher Michel, Octavio Paz est un poète universellement reconnu. J'ai personnellement une préférence pour "Liberté sur paroles" qui rassemble ses poèmes écrits entre 1935 et 1957. Le magnifique et long poème "Pierre de soleil" a été traduit par Benjamen Péret. Je connais mal ses essais, mais certains de mes collègues spécialistes du genre sont plutôt dubitatifs. Qu'y a-til sous le vernis brillant du discours sur l'art? Je tiens, en tout cas, "Le labyrinthe de la solitude" - tentative pour cerner la mexicanité - comme une jolie collection de cartes postales du Mexique, sans plus.
Asturias: son chef d'oeuvre est incontestablement "Les hommes de maïs". "Monsieur le président" est intéressant. Réécrit sans cesse pendant une bonne quinzaine d'années, le roman a été conçu alors qu'Asturias se trouvait en France, dans les années 20, en pleine montée des autoritarismes (Italie, Allemagne, Espagne). D'où peut-être le fait que le personnage du dictateur, certes présente, n'est pas centrale. Le personnage principal du roman, à mon avis, est le chef de la police politique. Sa trilogie bananière est inégale: "Les yeux des enterrés" et "L'ouragan" sont magnifiques; "Le pape vert" plus prosaïque. Sa poésie ("Claireveillée de printemps") est magnifique également. La foi inébranlable d'Asturias dans les valeurs (plus une prose recherchée)explique qu'il soit aujourd'hui considéré avec une certaine condescendance par un milieu littéraire plus tourné vers le cynisme, alors que c'est sans doute ce côté sentimentaliste qui continue quarante ans après sa mort à en faire en Amérique Latine un très grand succès de librairie.

Thierry a dit…

Cher Michel, Octavio Paz est un poète universellement reconnu. J'ai personnellement une préférence pour "Liberté sur paroles" qui rassemble ses poèmes écrits entre 1935 et 1957. Le magnifique et long poème "Pierre de soleil" a été traduit par Benjamen Péret. Je connais mal ses essais, mais certains de mes collègues spécialistes du genre sont plutôt dubitatifs. Qu'y a-til sous le vernis brillant du discours sur l'art? Je tiens, en tout cas, "Le labyrinthe de la solitude" - tentative pour cerner la mexicanité - comme une jolie collection de cartes postales du Mexique, sans plus.
Asturias: son chef d'oeuvre est incontestablement "Les hommes de maïs". "Monsieur le président" est intéressant. Réécrit sans cesse pendant une bonne quinzaine d'années, le roman a été conçu alors qu'Asturias se trouvait en France, dans les années 20, en pleine montée des autoritarismes (Italie, Allemagne, Espagne). D'où peut-être le fait que le personnage du dictateur, certes présente, n'est pas centrale. Le personnage principal du roman, à mon avis, est le chef de la police politique. Sa trilogie bananière est inégale: "Les yeux des enterrés" et "L'ouragan" sont magnifiques; "Le pape vert" plus prosaïque. Sa poésie ("Claireveillée de printemps") est magnifique également. La foi inébranlable d'Asturias dans les valeurs (plus une prose recherchée)explique qu'il soit aujourd'hui considéré avec une certaine condescendance par un milieu littéraire plus tourné vers le cynisme, alors que c'est sans doute ce côté sentimentaliste qui continue quarante ans après sa mort à en faire en Amérique Latine un très grand succès de librairie.

michel terestchenko a dit…

Merci infiniment Thierry. Ta science m'est très précieuse. Je suis tes conseils avec une parfaite confiance...

Raphael a dit…

cher Michel

désolé que vous n'ayez pas aimé Antigone ... On peut en effet ne pas aimer le style épuré de cet ouvrage. Bravo en tout cas pour se plier à cet exercice courageux, suivre les conseils des lecteurs anonymes de votre blog, c'est au fond faire preuve d'une belle confiance en son prochain. Bon courage pour votre projet, Raphael

Michel Terestchenko a dit…

Cher Raphael,

Oh mais c'est jugement un peu à l'emporte-pièce, qui ne vaut rien de plus. Je viens de recevoir Boulevard périphérique, que je vais lire de plus près. Mais je peux vous dire qu'en quelques jours, je suis submergé de livres nouveaux, certains que je ne connaissais pas du tout.
C'est en effet un formidable enrichissement...

Cathy D a dit…

Le premier livre auquel je pense est 'le président Mao est mort' de Du Qinggang. l'auteur raconte comment il a traversé la révolution culturelle chinoise grace à sa passion pour le francais et la culture. Le bien prend ici sa forme dans l'humour. ce n'est certes pas un roman mais des souvenirs mais c'est un délice.

Michel Terestchenko a dit…

Merci, chère Cathy, pour ce conseil. C'est noté ! Je vais le lire !

Cécile odartchenko a dit…

Pour la recherche du bonheur, je vous recommande ( humblement) le livre de Mark Kharitonov, "Un mode d'existence" où des "leçons de bonheur" suivent les considération sur la liberté intérieure...